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Effets néfastes des écrans sur le cerveau : ce que vous devez savoir

140 minutes : c’est le temps moyen que passe un enfant français devant un écran chaque jour, selon la dernière enquête de Santé Publique France. Ce chiffre ne cesse de grimper, rendant la question de l’impact sur le cerveau des plus jeunes impossible à balayer d’un revers de main. Les études récentes sont formelles : plus les écrans s’invitent dans la vie quotidienne, plus les capacités d’attention des enfants s’amenuisent. Les autorités sanitaires ajustent régulièrement leurs conseils. Pourtant, certains experts, à l’instar de Michel Desmurget, vont plus loin : selon eux, même des expositions brèves mais répétées peuvent ébranler la mémoire de travail. Les effets, eux, ne se limitent pas à la sphère cognitive : sommeil haché, posture malmenée, le corps aussi tire la sonnette d’alarme. Aujourd’hui, chercheurs et parents redoutent les répercussions sur le développement global des plus jeunes.

Comprendre l’influence des écrans sur le cerveau en développement

L’omniprésence des écrans bouscule en profondeur la maturation cérébrale des enfants et des adolescents. Plusieurs spécialistes, Serge Tisseron, Michel Desmurget, pour ne citer qu’eux, préviennent que le cerveau des plus jeunes, encore en pleine construction, ne filtre ni ne hiérarchise les flots d’informations numériques comme pourrait le faire un adulte. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) ne laisse pas de place au doute : l’amincissement du cortex cérébral, cette zone clé pour la réflexion et la gestion des émotions, survient parfois très tôt chez les enfants surexposés.

Dans ce contexte, certains domaines sont particulièrement fragilisés par la présence constante des écrans. Voici les principales fonctions affectées :

  • La capacité d’attention, qui s’étiole au fil des sollicitations visuelles et sonores permanentes ;
  • Les fonctions exécutives, comme la planification ou la capacité à retenir un comportement inadapté ;
  • La plasticité cérébrale, qui reste le pilier du développement chez les plus jeunes.

Les études longitudinales, notamment celles issues de la cohorte ABCD, confirment que l’exposition aux écrans durant les premières années de vie coïncide avec des résultats moins performants lors des tests cognitifs standardisés. Le cerveau, en pleine construction de ses réseaux neuronaux, se montre d’autant plus vulnérable à ces perturbations précoces.

La question n’est désormais plus de s’interroger sur l’existence d’un lien entre écrans et difficultés cognitives, mais d’en saisir les processus. Chez les enfants et adolescents, les changements observés sur le cortex pourraient laisser des traces sur l’apprentissage durable et la régulation des émotions. La communauté scientifique suit ces évolutions de près, consciente que les enjeux dépassent le simple cadre du temps d’écran.

Quels risques pour la mémoire, l’attention, la santé physique et le sommeil des enfants ?

La mémoire des enfants, soumise à un flux incessant de contenus numériques, montre des signes d’essoufflement. La succession rapide des vidéos, le passage constant d’un jeu à une application, tout cela finit par entraver l’encodage des informations. Les enseignants en font le constat : la restitution des connaissances devient plus laborieuse, notamment auprès des enfants habitués très tôt aux tablettes et jeux vidéo.

L’équilibre psychique, lui aussi, vacille. Plusieurs travaux récents établissent un lien clair entre le temps passé devant un écran et la montée de l’anxiété ou de la dépression chez les adolescents. Les réseaux sociaux, notamment, exacerbent la comparaison avec les autres et renforcent le sentiment d’isolement. L’addiction numérique guette ; le cerveau, stimulé par une succession ininterrompue de récompenses, peine à décrocher.

Quand les écrans s’invitent au moment du coucher, c’est la qualité du sommeil qui en paie le prix. La lumière bleue diffusée par les appareils retarde l’endormissement et freine la sécrétion de mélatonine. Les enfants dorment moins, moins bien, et accumulent une dette de sommeil qui pèse sur leur concentration et leur capacité à apprendre.

Côté santé physique, la sédentarité imposée par les écrans n’est pas sans conséquences. On observe une progression de la myopie, des douleurs articulaires, une prise de poids. Le temps consacré aux activités physiques, pourtant si précieux pour l’équilibre d’un enfant, se réduit à peau de chagrin au profit des écrans.

Salon moderne avec appareils numériques et imagery neuronale en arrière-plan

Des repères simples pour un usage raisonné des écrans au quotidien

Face à la prolifération des outils numériques, il devient nécessaire de fixer des repères faciles à suivre. L’Organisation mondiale de la santé préconise de limiter l’utilisation quotidienne des écrans à une heure pour les enfants de 2 à 5 ans. Avant cet âge, mieux vaut privilégier d’autres types de stimulation. Le CSA rappelle quant à lui l’intérêt de moments sans écran, par exemple autour de la table ou juste avant le coucher.

Quelques pratiques concrètes permettent de mieux encadrer le rapport aux écrans au sein de la famille :

  • Misez sur des activités partagées : jeux de société, lectures à voix haute, balades. Ces moments renforcent le langage et le lien social.
  • Définissez des créneaux précis pour les écrans, en tenant compte de l’âge de l’enfant ;
  • Accompagnez les usages : discutez ensemble de ce qui est regardé, échangez sur les émotions ressenties.

Pour les familles confrontées à une dépendance marquée ou à des conflits répétés autour des écrans, la psychothérapie comportementale propose des outils d’accompagnement adaptés. Repérer une perte de contrôle, des tensions fréquentes ou un désintérêt pour d’autres activités doit inciter à agir. L’objectif n’est pas de diaboliser, mais d’installer des habitudes stables et rassurantes.

Les recommandations sont claires : éteindre les écrans une heure avant de dormir, les tenir à distance des chambres, multiplier les alternatives concrètes. Un cadre souple et bienveillant permet de limiter les risques liés aux écrans et de maintenir le dialogue au sein de la famille.

Entre course à l’innovation et nécessité de préserver l’enfance, il reste un équilibre à inventer. L’enjeu : que la technologie serve le développement, sans jamais s’y substituer. À chacun d’écrire la suite, écran allumé… ou non.